« On a rarement mis en musique, et en mots, les incertitudes et les ruptures qui ne cessent de se jeter contre nos existences, avec autant de pertinence. Il y a de la fureur dans cette Disparition, beaucoup, énormément. Des instruments qui déraillent. Des refuges arrachés au bruit dantesque. Comme de bien fragiles, mais sublimes, apaisements, en forme de réflexions abyssales, et prodigieux édifices sonores.
La musique d’INTRATEXTURES s’est densifiée, chargée d’une incroyable puissance, vitale et toxique à la fois. Bruitiste forcément, presque brutaliste, toujours d’une extrême précision et intelligence. Son impressionnante épaisseur et liberté totale soutiennent les paroles déchirées et déchirantes, la présence profonde et poétique de Catherine WATINE dans une cohérence absolue.
Le calme apparent, la douceur paradoxale et inquiétante de la musicienne se heurtent au mur du son érigé par INTRATEXTURES. Des rideaux de pluie électrique, des machines électroniques qui semblent tourner à plein régime, ou être aux abois, portent des mots d’une force intime bouleversante.
Disparition s’impose comme le disque de nos déroutes, de nos renaissances aussi. Dans la douleur, les blessures, les cicatrices, les peines et les absents. Au fond tout ce que l’on doit abandonner. Ce rythme infernal et révoltant de l’existence.
Le disque dans sa frontalité, ne s’encombre pas, pourtant, de plaintes et de complaisances. Il fonce, littéralement, droit vers la tempête. Et c’est d’une beauté noire sidérante. Comme le visage, aussi, de notre époque chavirée, au sens propre. Une époque qui nous échappe. Cette musique-là nous renvoie au vide qui s’est ouvert sous nos pieds. Et nous enseigne la survie. L’espoir et la magnificence du chaos, quand on apprend à le regarder en face. »
Y.Kouton (écrivain, parolier, et bloggeur « Les Cosaques des Frontières »)