Yan Kouton (auteur) :
« Voici donc la suite de la trilogie de Watine, comme la continuation presque naturelle d’un mouvement musical qui semble ne pas s’arrêter, en expansion permanente. Il s’agit bien de cela sur « Cinétique Géostationnaire ». Un nouvel album qui vient se positionner près de ces prédécesseurs comme un astre parfaitement synchrone mais habité par sa propre énergie.
C’est sans doute le disque de cette constellation abstraite le plus accessible. Celui dans lequel les mots réapparaissent avec la plus grande force. Comme une lente reconnexion avec la figuration. A moins que la parole ne revienne après une longue quête muette. Elle se pose sur quelques titres, au milieu d’une renversante série de voyages musicaux, où l’on entend se fondre – dans un alliage toujours aussi troublant et fascinant – électro, piano, collages sonores.
Une musique composée et reconstruite autour d’une vision puissante et infiniment mélancolique ; où toutes les frontières, connues et rassurantes, sont volontairement effacées pour ne laisser la place qu’à l’expression pure d’une entité définitivement à part dans le paysage musical français. »
en anglais :
« So here is the sequel to Watine’s trilogy, like the almost natural continuation of a musical movement that seems to never stop, in permanent expansion. This is indeed what it is about “Geostationary Kinetics”. A new album which comes to position itself close to its predecessors like a perfectly synchronized star but inhabited by its own energy.
It is without any doubt, the most accessible album of this abstract constellation started with Subcutaneous geometries, then Quantic Intrications and finally Errances Fractales, like a slow reconnection with figuration where the voice settles at times, in the middle of a stunning series of musical journeys. One heart melting there – in an always so disturbing and fascinating alloy – electro, piano, sound collages. A music composed and reconstructed around a powerful and infinitely melancholic vision; where all the borders, known and reassuring, are voluntarily erased to leave the place to the pure expression of an entity definitely apart in the French musical landscape. An entity which explodes with “Shared Enjoyments” an anthology piece finalizing a cosmic and abstract journey, like the orgasmic incarnation at the origin of the world. This inner world that Watine has been patiently and feverishly delivering for years, her extraordinary vision of music at the edge of the avant-garde. Less experimental than ultra-sensitive, of a humanity unceasingly pushed back with the wire of the discs. To reach on this one an intimate and definitively timeless summit. Watine has established herself as an essential and rare composer, who crosses our troubled times by offering her soundtrack, mysterious, uncertain, but full of a life that we rediscover exciting beyond its dangers. »
Florian CLaude (auteur)
« C’est la plus belle proposition de Catherine Watine à travers son œuvre : faire de l’écoulement du Temps un instrument.
Le temps suspendu, étiré, ramassé, atténué. En cascade, imbriqué. Tout est possible avec le temps, rien n’est plus évident et pourtant complexe que son écoulement. Nul doute qu’Einstein a bouleversé notre rapport à ce cavalier de l’apocalypse. Nul doute que la musique y voit tout sauf une calamité. Et nul doute que Watine a su combiner ce qui la touche dans les gammes de la physique et de la philosophie pour créer son propre système musical et rendre le Temps à l’espace poétique.
C’est dans ce continuum que nous sommes ici aspirés, la musique comme symbole absolu de la relativité. Où chacun est son propre espace, où l’horizon est l’espoir, où la singularité est l’essence de tous, où la rencontre est l’intrication.
C’est tout cela mis en notes, en ondes qui résonnent, et c’est encore plus lorsqu’on y met nos projections. Dès “Lunar Vibration” nous sommes happés dans un scénario tissé par un album ne se refusant aucun retournement, nouant le dialogue rythme mélodie comme le sont l’espace et le temps. Ce lien devient une matière travaillée à la manière d’une plasticienne, jouant dans “Sheer recollection” avec la relativité d’une façon que n’aurait pas reniée Hans Zimmer lorsqu’il a composé “Interstellar”. Et “Distant Memories”, d’une délicatesse à la Ravel, rappelle ce lien ténu entre l’observable et le vécu. Ce lien où l’art naît. La musique est alors comme une science magique, née de phénomènes observables, procurant des effets non transposables. Pour en proposer une magnifique bande sonore et le décor, on ne peut qu’imaginer les moments de doutes, les petites joies des triolets, les peurs qui assaillent en accords plaqués. Tout cela, Catherine nous l’aura livré.
Grâce à ses albums, on a bien mieux qu’imaginer : on peut ressentir. Et voyager l’un à l’autre sans mouvement, paradoxe pour la cinétique, évidence pour la musique. »